Nous vous présentons Anna Olejnik, spécialiste de la vente de vin à l’international de l’agence Le Monastrell. Anna accompagne de nombreux domaines viticoles dans leur stratégie commerciale export. Découvrez son portrait, sa proposition de valeur et sa vision de l’avenir à travers notre entrevue.

1- Anna, peux-tu nous parler de ton parcours ?
Je n’ai pas un parcours classique pour quelqu’un qui travaille dans le vin. J’ai fait mes études à Sciences Po Grenoble avec un Master en finance et gestion d’entreprise. J’étais donc plutôt destinée à travailler dans une grande entreprise à Paris ou à l’international. Finalement, ma première expérience professionnelle a commencé dans un petit village provençal, au milieu des vignes, à Châteauneuf-du-Pape, où j’ai décroché le poste de co-directrice d’un domaine viticole d’une trentaine d’hectares alors que je venais tout juste d’être diplômée. Un sacré défi.
Mais le monde du vin ne m’était pas totalement étranger. Dès ma première année d’études, j’ai rejoint le Club Œnologie de Sciences Po et j’ai participé assidûment aux dégustations organisées par celui-ci. En deuxième année, j’en étais la trésorière et en troisième année, la présidente. J’avais soif d’apprendre toujours plus sur le vin. Nous organisions des découvertes de vins français et étrangers avec des sommeliers, des producteurs et notre caviste préféré dans le centre-ville de Grenoble.
Pendant mes années au Château Fortia à Châteauneuf-du-Pape, j’ai découvert le véritable monde du vin. Pas seulement son côté faste et glamour, mais aussi sa réalité agricole : le dur travail de la vigne tout au long de l’année. C’est là que j’ai compris ce qu’était réellement le vin et la gestion quotidienne d’un domaine viticole. J’ai énormément appris sur le terrain et je me suis beaucoup formée pendant mes six années au domaine dans plusieurs domaines : export, commercial, RH, communication et, bien sûr, le vin, en obtenant les diplômes WSET niveau 2 puis 3. Autant de compétences indispensables pour évoluer en tant que co-gérante.
J’ai également eu la chance de voyager dans de nombreux pays pour prospecter ou rencontrer nos clients, et d’échanger avec des personnalités du vin françaises et internationales comme Antoine Pétrus, Jeb Dunnuck ou encore Anna Lee Iijima. Ce fut une expérience incroyablement enrichissante, mais j’ai senti que je voulais évoluer, créer mon entreprise pour transmettre mes connaissances et aider les domaines qui veulent se lancer à l’export.
2 – Que veut dire “Le Monastrell” ?
C’est le nom espagnol de mon cépage préféré : le Mourvèdre. Il est originaire du sud-est de l’Espagne, dans les régions de Yecla et Jumilla, proches de Valence.
3 – Qu’est ce qui t’a poussé à créer l’agence Le Monastrell ?
Comme je l’ai expliqué plus tôt, j’ai rejoint le Château Fortia dès la fin de mes études. Le domaine étant relativement petit, avec seulement six permanents, je eu très peu d’accompagnement et de formation en interne lors de ma prise de poste. J’ai donc dû apprendre par moi-même : grâce à des formations, des recherches, et aussi à travers de nombreuses discussions avec les vignerons de Châteauneuf, avec ceux rencontrés sur les salons à travers le monde, ainsi qu’avec nos clients étrangers qui sont de véritables mines d’informations, puisqu’ils connaissent leurs marchés sur le bout des doigts.
J’ai testé beaucoup de choses, j’ai fait des erreurs, mais toutes ces expériences m’ont permis de grandir et de comprendre ce qui fonctionne ou non. C’est pour cela que j’ai créé Le Monastrell, pour offrir aux domaines un condensé d’informations et d’astuces que j’aurais aimé avoir à mes débuts. Un coach qui aide à prendre du recul, à se concentrer sur l’essentiel et à éviter les erreurs ou la dispersion.
4 – Coup de projecteur sur ta seconde vie ! Peux-tu nous dire quelques mots sur ta deuxième activité ?
Comme si créer et gérer une société n’était pas déjà assez compliqué et chronophage (rires), fin 2023, j’ai lancé un deuxième projet avec mon compagnon : notre marque de vins, Jalan Wines. C’est un projet très personnel, né de notre amour pour le vin, les voyages et nos passions sportives communes. Si vous voulez en savoir plus, je vous laisse découvrir notre gamme « Aventure » et notre univers ici.
5 – Existe-il encore des marchés internationaux pour exporter ses vins ?
C’est vrai qu’entre la déconsommation de vin en France et dans de nombreux pays comme notamment aux États-Unis, qui est la première destination des vins français, la crise géopolitique internationale et la crise économique, il peut sembler difficile de se positionner à l’export. Mais il ne faut pas croire que toutes les portes sont fermées.
Par exemple, le Canada ayant banni les vins américains, il peut y avoir des créneaux à prendre. En Europe, notamment dans les pays nordiques, on revient aux vins du « vieux monde », souvent par souci écologique, pour limiter les émissions de gaz à effet de serre. En Amérique latine, un accord de libre-échange en discussion pourrait permettre aux producteurs français de cibler des marchés comme le Brésil, où la consommation de vin est en forte croissance.
6 – Concrètement, en quoi faire appel à un cabinet de conseil peut être une véritable opportunité pour un domaine viticole ?
Dans un domaine viticole, on n’a pas toujours le temps de faire des recherches soi-même. Je parle d’expérience : entre l’administratif, les ventes au caveau, les mises en bouteille et le travail de la vigne, on ne prend pas le temps de se poser et de réfléchir à l’export. Et puis, c’est tellement vaste qu’on ne sait pas par où commencer.
C’est là qu’un cabinet de conseil intervient : les rendez-vous fixés obligent à se poser et à avancer étape par étape. On va droit au but, avec des thématiques définies, des actions concrètes à mettre en place entre chaque séance. On avance petit à petit, sans se retrouver face à une montagne insurmontable, mais plutôt face à des collines à franchir une à une.
Un conseiller permet aussi d’éviter des investissements mal calibrés. Trop de vignerons dépensent encore des milliers d’euros pour des stands sur Prowein ou Wine Paris sans avoir préparé le salon en amont. C’est un échec assuré qui peut décourager et donner l’impression que l’export est trop compliqué. Et c’est dommage.
7 – De nos jours, les réseaux sociaux sont inondés d’offres de coaching, quels sont les prérequis pour une collaboration réussie selon toi ?
La clé, c’est la confiance. Le client doit sentir que le coach est là pour l’aider de manière pratique, avec des outils, des astuces et des solutions concrètes, et pas seulement pour lui délivrer une théorie difficile à appliquer.
De son côté, un coach est beaucoup plus impliqué quand la personne en face est investie à 100 %, quand elle met en pratique (même partiellement) ce qui est vu lors des sessions.
La confiance et l’investissement mutuels font donc la réussite d’une collaboration. C’est aussi pour cette raison que je propose un diagnostic export gratuit : il permet au client de mieux me connaître, et à moi d’évaluer son niveau d’investissement et sa réelle motivation pour l’export.
8 – De nombreuses solutions digitales proposent des outils pour créer sa communication en toute autonomie, notamment en mettant une offre IA (intelligence artificielle) en avant. On peut donc s’interroger sur la raison d’être d’une agence de communication ? Peux-tu nous apporter ton regard sur ce sujet, dans un monde où l’IA semble de plus en plus prisé par les entreprises ?
C’est vrai qu’on peut faire beaucoup soi-même aujourd’hui. On a tous un smartphone qui prend de belles photos et vidéos. Des outils comme Canva ou InShot permettent de créer rapidement de jolis visuels ou vidéos. L’IA peut aussi être un vrai support pour trouver des idées de publications, d’articles de blog ou des newsletters, et même planifier un calendrier éditorial complet. Je trouve ça génial !
Mais comme tout, cela demande du temps, de l’investissement et un apprentissage des outils. Faire appel à une agence de communication peut donc être une bonne solution si l’on n’a pas ce temps. Et c’est d’autant plus important à l’export, la communication est souvent sous-estimée car on en mesure difficilement le retour sur investissement, et elle passe souvent au dernier plan. Pourtant, c’est dommage, car elle peut justement ouvrir des portes.
9 – Une anecdote ou une expérience à partager avec nous ?
Oui, bien sûr. Vinexpo Hong Kong 2018. Quelques mois seulement après mon arrivée au domaine, et sans avoir encore touché à la partie export, je participe au plus grand salon du vin d’Asie. Autant dire que je n’étais pas prête. J’avais invité nos clients asiatiques certes, mais je n’avais pas fait de prospection en amont. Résultat : peu de rendez-vous… et beaucoup de temps perdu sur le stand.
Alors j’en ai profité pour discuter avec mes confrères vignerons présents, poser des questions, m’informer sur ce qui marche ou non, sur la culture locale, les coutumes, etc. Je suis rentrée en France avec un sentiment d’échec, mais j’ai relativisé. J’ai décidé que je devais me former à l’export. J’ai acheté des livres, puis suivi une formation. Il fallait que je progresse. Une belle leçon de vie… et d’export 😊.
10 – On ne peut pas terminer cette entrevue sans découvrir ton vin préféré !
Amatrice de Mourvèdre, ce ne sera pas une grande surprise : j’adore les vins de Bandol. Des vignes chauffées par le soleil du sud, le regard tourné vers la mer… Un rêve qui se retrouve dans la bouteille, avec cette magnifique alliance de puissance et de fraîcheur.
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Téléphone : +33 6 46 45 09 76
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