Le réseau d’experts Vinséo s’est réuni pour l’Assemblée générale de l’association le 9 juin dernier au sein du Château Valmy (66), qui nous a accueilli chaleureusement. L’occasion de fêter les 15 ans du cluster d’entreprises devenu grand ! Grâce à la reprise tant attendue de nos réunions en présentiel, nous avons reçu la visite de personnalités majeures du secteur viti-vinicole telles que :
- Irène Tolleret (Députée Européenne)
- Myriam Gairaud (Conseillère Régionale Occitanie)
- Christophe Chevré (Vignerons Indépendants, Directeur de Pôle)
Marina, chargée d’affaires chez Baqio, a eu très envie de partager avec vous ce qu’il s’est dit lors de la conférence “Problèmes logistiques rencontrés par la filière viti vinicoles : pourquoi & comment ?”
Parmi les intervenants, Thomas SAMMARCELLI, Manager France de Vinlog, spécialiste de la logistique du vin, a fait une présentation remarquée de la situation du fret maritime. Expert en transport et logistique de boissons, Vinlog, propulsé par le groupe Suisse Kuehne+Nagel, est l’un des maillons majeurs du réseau mondial qui assure la livraison “sûre et rapide” des produits sensibles.
Ces derniers mois, vous avez connu des difficultés pour acheminer votre production et recevoir vos matières sèches, et vous vous demandez pourquoi ?
La toile de fond
Le contexte géopolitique actuel impose à tous des bouleversements de zones de production, d’approvisionnement et de consommation, ayant pour conséquences des variations de flux de marchandises qui ont plusieurs origines et qui ne sont pas prêtes de s’arrêter. En effet, “tout n’est pas produit en Ukraine”, mais le monde n’est pas moins déstabilisé par le conflit Ukraino-Russe. C’est un véritable château de cartes qui s’est écroulé. Par exemple :
- l’Ukraine, à elle seule, possède 7 usines de production de verre. Quelles structures pourraient prendre le relais, quand on sait par exemple que les usines françaises tournent déjà à 80% de leurs capacités en moyenne ?
- La Russie, quant à elle, fournit 80% de l’alumine à la France, matière primordiale pour l’élaboration de nos capsules CRD. (Source : Libération)
Néanmoins, ces conflits semblent n’être qu’un fragment d’éléments perturbateurs, parmi la multitude des besoins qui peinent à être comblés.
Si les secteurs de l’industrie ont mis à l’arrêt de nombreuses productions par manque de personnel ou de matières premières, cela implique également une complexité évidente pour gérer le personnel compétent sur les zones de fret maritimes.

Par ailleurs, depuis 2019, la pandémie qui ouvre et ferme les frontières des différents pays du monde, a pour conséquences le ralentissement, voire l’arrêt total de plusieurs chaînes de production dans le monde, sans avoir les infrastructures nécessaires pour prendre le relais ailleurs. A l’instar de notre fabricant de tiroir-caisse Mpop (pour le module point de vente Baqio), qui est en rupture de stock depuis plusieurs semaines, en raison d’une rupture d’approvisionnement en matière première. Conséquence directe de la situation sanitaire en Asie.
Enfin, Russie et Ukraine représentent moins d’un pour cent du débit mondial en mer. Cependant, on retrouve d’autres facteurs qui leur sont directement liés, tels que :
- le coût exponentiel du carburant en soute qui se répercute directement sur le coût de la logistique et des chaînes d’approvisionnement.
- également en cause, le temps de déploiement des nouvelles routes pour faire transiter les marchandises.
- ou encore “le glissement des rails vers la mer” puisque ces derniers ne sont plus praticables dans un pays en guerre.
En chiffres, cela pourrait entraîner une demande de fret maritime supplémentaire de 1,5 million de conteneurs par an. Et à quel prix ? financier et écologique !
Des chiffres éloquents



*EVP = conteneurs Équivalent Vingt Pieds. Un porte-conteneurs de 1000 EVP correspond à navire qui peut contenir 1000 conteneurs de 20 pieds.
Thomas SAMMARCELLI nous explique que 5 navires (de 8 000 conteneurs EVP chacun) sont déployés rien que pour maintenir la fréquence hebdomadaire au départ de Shanghai. Si l’on retarde le cycle des départs et d’arrivés incessants, c’est l’embouteillage assuré. (Pour aller plus loin, voir l’article Comment anticiper le déconfinement de Shanghai et éviter les congestions ? de Kuenhe & Nagel )

L’engorgement des flux occasionnent notamment des retards.
- Le retard moyen des navires est actuellement de 7 jours.
- Chaque jour, il y a encore entre 250 et 300 navires en attente de débarquement, d’une capacité totale d’environ 1,5 millions de conteneurs (représentant 9 à 12 % de la flotte).
A l’instar de « Ever-Given », ce porte-conteneurs de 400 mètres de long et d’une capacité de 200 000 tonnes qui avait bouché le Canal de Suez, il y a un an presque jour pour jour, et qui avait ainsi provoqué de larges désorganisations du fret maritime mondial (Source : Le Monde). Lorsqu’un navire est retardé, c’est le monde entier qui est perturbé. De la production à la commercialisation, les chaînes sont fragilisées.
L’avenir, prévoir c’est pouvoir !
A la complexité géopolitique décrite plus haut, il faut ajouter le sujet de l’écologie ! L’objectif pour 2050, autrement dit “demain”, doit être de réduire drastiquement les émissions de CO2 de 50%.

Biocarburants ou réduction des volumes
On a longtemps moqué la mode de la “décroissance”, mais lorsque c’est un professionnel de la logistique internationale qui le dit, c’est une vraie surprise et cela prend une autre dimension.
La gestion des incertitudes liées aux différentes problématiques mondiales consiste à envisager le remaniement total de notre manière de consommer et de transporter. La source d’énergie miracle pour pousser des cargos de 200 000 tonnes n’ayant pas encore été trouvée à l’heure actuelle, bien que de nombreuses recherches soient actuellement à l’étude, ce sont des solutions tout simplement moins énergivores qui ont été proposées par de nombreuses têtes pensantes.
Les grandes enseignes de la vente à distance auront du souci à se faire si les théories suivantes sont mises en application :
- réduction de la taille des navires
- réduction de la vitesse
- réduction des distances parcourues.
Ce sont pourtant les sujets qui sont actuellement en cours de réflexion. En définitive, pour reprendre les mots de l’expert en fret maritime, on peut dire que « nous vivons le début des derniers instants de la mondialisation basé sur les énergies fossiles, aboutissant sur une faible croissance mondiale presque incontournable ».
Mais restons optimistes ! Si la France est un pays ayant des infrastructures opérationnelles : mer, routes, rails, ce n’est pas le cas partout ; notamment aux Etats-Unis où il y a de réels déserts ferroviaires et une pénurie de chauffeurs. Cela reste donc une formidable opportunité à ne pas manquer pour la France et l’Europe de pouvoir produire et acheminer les marchandises produites localement sur le continent. De plus, l’intervenant l’affirme, transporter propre est une valeur ajoutée à ne pas manquer pour l’image de marque de nos productions et de nos exportations.
Sources Magazine décideurs et Sea Explorer
Idées pratiques : la boîte à outils
Parce que chaque geste compte, nous avons tenté d’apporter quelques pistes de réflexions accessibles à petite échelle.

Verre
Recycler ou consigner ? Mais au fait, la consigne, c’est quoi ? Une formidable remise au goût du jour réservée aux circuits courts !
Et oui, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) estime qu’à partir de 260 km aller/retour– cela n’est plus rentable et n’est pas viable écologiquement.
Réduction du poids
- 30g de verre en moins par bouteille, c’est plus d’1T de verre en moins. Une aubaine pour réduire la contribution à l’effet de serre !
- Pour 30 000 bouteilles produites, cela correspond à 5 400 km parcourus en véhicule léger en moins.

Carton
Le recyclage est un premier pas vers l’éco-responsabilité de nos transports de marchandises. Cependant, à l’exception des cartons qui sont souillés, on peut réutiliser la matière jusqu’à huit fois, après quoi la fibre se dégrade. Il reste donc un boulevard pour l’innovation dans ce domaine.
Les “emballages aller-retour” se sont considérablement développés. On peut tout imaginer : les clients qui reviendraient avec les emballages lorsqu’ils achètent des cartons de vin, des boîtes standardisées afin de pouvoir ramener les emballages chez un vigneron ou chez un autre… La solution miracle n’existe pas encore, mais pourquoi pas tester !

Aluminium
Faites un pied de nez à la géopolitique en n’utilisant plus du tout de capsule et laissez Baqio vous faciliter la vie ! Générez votre DSA en quelques secondes.

Palette
La palette réutilisable en bois semble écologique de part le matériau qui le constitue. Cependant, son poids net allant de 25 à 36 kg, elle représente une charge considérable au nombre de palettes qui transitent. Une alternative existe avec la palette en plastique. Les fabricants utilisent, pour une grande partie, du plastique issu de déchets plastiques retraités. Recyclés et recyclables, ces supports permettent de réduire considérablement le poids généré par la palette traditionnelle. On passerait à des palettes pesants 12 kg net pour les mêmes besoins.
C’est bien connu, filmer une palette ne s’invente pas. Un personnel formé correctement à cette manœuvre, réduira considérablement votre utilisation de film à palette ! Moins de film utilisé permettra de générer une économie financière qui pourra être réinvesti dans un film à palettisation en plastique recyclé par exemple.


Bonus : Facture dématérialisée
On vous en donne un petit dernier : la facture dématérialisée permise par la signature électronique. Et bientôt la facturation électronique même ! (On vous en parlait ici). Bien que le numérique soit énergivore lui aussi (on vous l’a dit, il n’y a pas de solution miracle), la signature électronique permet de certifier vos factures sans que vous ayez besoin de les imprimer et de les envoyer par voie postale. Une petite économie de papier.
Chaque geste compte pour réduire l’indice carbone de la logistique..
..et chacun fait ce qu’il peut. Nous espérons que cet article vous donnera des pistes pour faire face aux pénuries, réduire vos coûts et vous mettre en marche dans la transition énergétique et écologique. Bon courage à toutes et tous !